Les prescriptions assorties par l’Administration à un permis de construire peuvent compromettre l’application des règles fixées par le règlement du plan local d’urbanisme

Les prescriptions assorties par l’Administration à un permis de construire peuvent compromettre l’application des règles fixées par le règlement du plan local d’urbanisme

Le Conseil d’Etat précise que la conformité d’un permis de construire au règlement du plan local d’urbanisme doit être apprécié en prenant en considération les prescriptions imposées par le service instructeur.

En l’espèce, par arrêté en date du 19 octobre 2018, le maire de la commune de Montpellier a délivré à la société SNC LNC Occitane Promotion un permis de construire un immeuble collectif de vingt-quatre logements.

Le service instructeur avait par ailleurs pris soin d’assortir à ce permis de construire une réserve technique relative à la rétrocession à la métropole de Montpellier d’une partie de la parcelle, d’une superficie de 164 m², aux fins de la création d’un cheminement piétonnier ouvert à la circulation du public.

Le syndicat de la copropriété Les Terrasses de l’Aqueduc, voisin du projet, a sollicité du juge administratif l’annulation de cette décision pour excès de pouvoir, soutenant notamment que le permis de construire méconnaissait l’article 7 du règlement du plan local d’urbanisme, relatif à l’implantation des constructions par rapport aux limites séparatives.

Les juges de première instance ont refusé d’accéder à la demande du requérant, motif pris que la prescription dont état assorti le permis de construire faisait obstacle à ce que l’article 7 du règlement du plan local d’urbanisme puisse être invoqué.

Cependant, par un jugement rendu le 21 novembre 2019, le tribunal administratif de Montpellier a rejeté la requête formée par le syndicat de la copropriété voisine, considérant que les règles relatives à l’implantation des constructions par rapport aux limites séparatives ne trouvaient pas à s’appliquer au cas d’espèce, compte tenu de la prescription dont était assorti le permis de construire.

Visiblement lésé par cette décision, le syndicat de la copropriété voisine a décidé de se pourvoir en cassation.

Saisi de ce contentieux, le Conseil d’Etat a entériné le raisonnement adopté par le tribunal administratif de Montpellier, soulignant le caractère obligatoire d’une prescription.

La Haute Juridiction a adopté la motivation suivante :

« En tenant compte des effets obligatoires attachés aux prescriptions assortissant une autorisation de construire pour juger que les règles d’implantation des constructions par rapport aux limites séparatives prévues à l’article 7 du règlement du plan local d’urbanisme ne trouvaient pas à s’appliquer, le tribunal administratif n’a pas commis d’erreur de droit ».

Ainsi, le Conseil d’Etat a fait primer l’application d’une prescription obligatoire aux dispositions prévues par le règlement du plan local d’urbanisme, qui définit les règles d’urbanisme applicables au projet de construction.

Néanmoins, en dépit du fait que les juges de première instance n’ont pas commis d’erreur de droit en rejetant le moyen portant sur la violation de l’article 7 du règlement du plan local d’urbanisme, le Conseil d’Etat relève que le tribunal administratif ne s’est pas prononcé sur l’ensemble des moyens présentés par le requérant.

En effet, le tribunal était également saisi d’un moyen tiré de l’illégalité de la prescription en cause, en ce qu’elle prévoit la rétrocession à la collectivité publique d’un chemin à aménager selon ses indications.

Or, en omettant de se prononcer sur ce moyen qui n’était pas inopérant, le tribunal administratif a insuffisamment motivé son jugement.

En conséquence, le Conseil d’Etat annule le jugement pour ce motif et renvoie l’affaire au tribunal administratif de Montpellier.

 

CE, 5 juillet 2021, Syndicat de la copropriété Les Terrasses de l’Aqueduc, req. n° 437849